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e colonisateur triomphe quant le colonisé le défend à sa place
Alors
que les Martiniquais s'interrogent sur cette « télé Martinique » qui ne
propose que des séries abêtissantes venues d'ailleurs, la station de
Clairière stagne toujours dans ses eaux nauséabondes.Un
journaliste, parmi les meilleurs - ceci explique cela - dénonce le
racisme dont il est victime au sein de la télévision publique.
Serge
Bilé, d'origine ivoirienne, travaille à RFO Martinique depuis près de
10 ans. Une décennie qui n'a pas permis à ses collègues de l'accepter.
Incroyable. Son origine lui est renvoyée au visage, comme un bobo.Ce
journaliste qui a prouvé ses qualités professionnelles et qui hors de
RFO, écrit des chansons, produit des musiciens, ne supporte plus les
crachats.Le dernier lui a été envoyé par Michel Traoré le pas du tout brillant directeur des antennes.
Serge
Bilé a déposé plainte auprès du Procureur de la République, faute pour
lui de trouver auprès de la direction de RFO Martinique, la
condamnation de propos inadmissibles.La
directrice régionale, Liliane Francil a cru que son petit fauteuil lui
octroyait assez de pouvoir pour influencer le procureur de la
République (voir lettre de Serge Bilé). C'est à croire qu'elle fait
partie de ces rares journalistes qui lisent la presse.Elle
a au moins lu l'épisode du procureur Laurent Davenas qui, parti en
vacances dans l'Himalaya, fut recherché par un hélicoptère envoyé par
Jacques Toubon alors ministre (RPR) de la justice. Une expédition pour
que le procureur revienne retenir la main de son adjoint qui avait eu
l'audace d'ouvrir, en son absence, une enquête préliminaire sur
l'affaire du fameux rapport de Xavière Tibéri (épouse de l'ancien maire
de Paris) sur la francophonie.A trop se diluer dans la droite on finit par lui ressembler !
Le
directeur adjoint, Max Maurice Madelon, ancien chef syndicaliste de la
CSTM, mis au placard pendant des années, après avoir été déchouké par
ses propres camarades, et revenu au pouvoir à force de courbettes et de
petits complots, n'a trouvé là qu'une occasion de rire en mordant son
cigare.Serge
Bilé n'a pas gardé le silence qu'on attendait de lui. Il a tenu la
presse informée de l'affaire. On peut déjà parier que ses détracteurs
trouveront dans le marigot local beaucoup d'alliés.L'écologiste
conseiller régional Louis Boutrin, voulait l'envoyer à Ouagadoudou, le
cauchemar du journaliste n'est pas terminé.Dans
un pays peuplé de descendants d'esclaves, le racisme est encore plus
condamnable. Les victimes de la barbarie sont-elles condamnées à
reproduire les gestes de leurs tortionnaires ?La lettre de Serge Bilé :
CHRONIQUE D'UN RACISME ORDINAIRE A RFO-MARTINIQUE
Le
mardi 21 janvier 2003, je me retrouve à la cafétéria de RFO avec Michel
Traoré, le directeur des antennes de la station de Martinique.Je
lui fais remarquer que la rédaction, mais pas seulement elle, n'était
pas d'accord avec la direction sur la façon dont nous avons rendu
hommage à Edith Lefel la veille à 20H après le journal télévisé et
qu'il y avait mieux à faire avec plus d'archives encore.Michel
Traoré me toise alors et me répond sèchement : « dès lors que mon
peuple est content, ça me suffit. Toi, tu peux dire ce que tu veux »
avant d'ajouter plus loin : « moi, je suis martiniquais et je te parle
comme je veux ».Non
content de cela, il se rend dans plusieurs bureaux pour se vanter de ce
qu'il vient de faire. La scripte Huguette Odina l'a ainsi vu raconter
fièrement au directeur-adjoint de RFO, Max-Maurice Madelon qui en a ri,
qu'il avait « ramassé un étranger ».J'alerte
aussitôt la directrice régionale Liliane Francil qui, au lieu de
prendre ses responsabilités, cherche à minimiser l'incident en
expliquant qu'il ne faut pas s'en faire pour si peu, qu'elle a connu le
même racisme quand elle travaillait à RFO-Guadeloupe où on la
considérait comme une « étrangère » martiniquaise.Elle
finit tout de même, en apprenant que je menace de voir le procureur de
la république, par réagir le lendemain à la demande de la direction
nationale, également alertée et indignée qu'un cadre de RFO puisse
tenir de tels propos d'exclusion.Mais
voilà, pour rédiger son rapport, elle me fait appeler à son bureau deux
heures avant le journal télévisé alors que j'insiste pour lui dire que
« je n'ai à cet instant ni le temps ni la tête à ça ».Et
à ma grande surprise elle me reçoit avec son adjoint Max-Maurice
Madelon comme pour me montrer qu'elle n'a rien à faire qu'on reproche à
celui-ci d'avoir acquiescé des propos racistes en en riant avec son
auteur.Plus
grave, j'apprends qu'elle a également convoqué la scripte Huguette
Odina pour faire pression sur elle afin qu'elle se désolidarise de moi.Mais
je ne suis pas au bout de mes surprises : quand j'arrive chez le
procureur Serge Samuel, il m'apprend qu'il a reçu quelques minutes plus
tôt un coup de fil de Liliane Francil qui a voulu lui faire comprendre
que « ce qui m'arrive n'est pas bien grave » et que je réagis en gros
ainsi parce que je suis « aigri » faute d'avoir obtenu « une
promotion ». Hallucinant !Ai-je l'air d'un garçon « aigri » quand on me voir faire tout ce que je fais ici en et pour la Martinique ?
Le
procureur lui en tout cas est « abasourdi » et « consterné »
d'apprendre, en les lisant, qu'au delà de cet incident, je reçois
depuis des mois des lettres anonymes d'insultes et de racisme de la
part de mes propres collègues.Il
faut dire que cette affaire intervient une semaine après un autre
incident que j'ai eu à dénoncer publiquement au sein de RFO. La
directrice régionale a transmis au rédacteur en chef qui me l'a remise
une lettre dans laquelle une téléspectatrice (Liliane Mangatal habitant
au C402 Morne Vannier Village à Fort-de-France/ 0596736253) s'indigne
qu'on ait « importé » un « Africain » pour présenter le journal
télévisé en Martinique.Difficile
de faire pire pour déstabiliser un journaliste qui s'apprête alors à
interviewer la ministre Brigitte Girardin sur fond de tension dans la
rédaction.Ayant
en effet été désigné pour présenter le journal ce soir-là, j'avais
demandé à faire cette interview seul alors qu'un de mes collègues avec
lequel je ne m'entends pas spécialement voulait venir en plateau
réaliser l'entretien. Il y a eu passe d'armes et des allers-retours
crispés avec l'encadrement.Or
il se trouve que depuis plusieurs mois, chaque fois qu'il y a une
tension dans la rédaction, je reçois automatiquement des lettres
anonymes écrites-je le répète encore- par des gens de RFO.En
1996 déjà, deux ans après mon arrivée, j'avais eu à publier un
communiqué de presse repris par les médias, pour dénoncer une attaque
raciste dont j'avais été victime de la part d'un de mes confrères.Depuis,
les plus acharnés s'étaient calmés, du moins en apparence, mais les
vexations n'ont jamais cessé : tentative de déstabilisation sur le
journal télévisé avec une intervention de salariés demandant qu'on
m'enlève de l'antenne au profit d'un Martiniquais (Maître Claude
Dispagne qui m'accompagnait ce jour là dans le bureau du directeur de
l'époque, Claude Ruben, peut en témoigner).Problème
de titularisation avec un syndicaliste-maison qui s'oppose publiquement
à ses collègues de la CSTM pour ne pas qu'on intègre un « Africain » en
Martinique, crachats plusieurs fois sur le pare-brise de ma voiture
garée dans la cour de la station, graffitis racistes sur mon bureau
après une élection de délégué du personnel où j'étais candidat.Exclusion
sans explication de la cellule politique à l'avènement d'un encadrement
antillais, maintien depuis 10 ans dans un statut de « journaliste de
base » comme un simple débutant par une direction qui vient
paradoxalement de proposer ma candidature pour un poste, mais ailleurs,
sur la radio... Africa n°1.Dégoûté,
mais ne voulant pas faire de « scandale » et jeter l'opprobre sur la
station, j'ai alerté Luc Laventure et demandé au directeur de
l'information Stéphane Bijoux de me trouver une autre affectation loin
de laMartinique.Mais
aujourd'hui, après avoir trop longtemps gardé tout ça pour moi au
risque de verser parfois dans des réactions d'agressivité contraire à
ma nature, j'ai décidé quoi qu'il m'en coûte de faire front face à
cette escalade qui gagne désormais les cadres de RFO et qui arrive en
écho à des propos racistes, anciens et récents, lancés à mon encontre
également par quelques hommes politiques comme le conseiller régional
Louis Boutrin qui s'est lui aussi devant témoin (le photographe Bernard
Dordonne de France-Antilles) laissé aller à dire que ma place « n'était
pas ici mais à Ouagadougou »Oui !
J'ai décidé de faire front parce que maintenant ça suffit ! Tout ce que
je veux, c'est qu'on me foute la paix une fois pour toutes !Serge Bilé
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Commentaires
Bonsoir, Je soutien entièrement serge Bilé. c'est dingue de voir qu'il existe encore des "cons de racistes" surtout des noirs sous prétexte qu'ils sont "français" Une africaine de la région lyonnaise.