• Les Nabatéens

    En découvrant, presque à la dérobée, la haute façade de grès rose de la Khazneh, le grand mausolée de Pétra, le Suisse Burckhardt arrachait les voiles, ce 22 août 1812, d'une cité endormie depuis plus de quinze siècles. Capitale des Nabatéens, des commerçants arabes installés dans la région dès le VIe siècle avant J.-C., Pétra, recluse derrière un enchevêtrement de défilés rocheux, dans le sud de l'actuelle Jordanie, continue de peupler tous les fantasmes.

    Les Nabatéens ont beau avoir dominé un territoire allant de l'Arabie Saoudite au sud de la Syrie pendant cinq siècles (du IVe siècle avant J.-C. au Ier siècle de notre ère), ils restent largement méconnus.

    Joyau de l'art universel, Petra fascina tout autant les lieutenants d'Alexandre, les archéologues qui la redecouvrirent au XIXe siècle, et les voyageurs d'aujourd'hui. Taillée dans la pierre, la « cité rose » fut la capitale monumentale d'un peuple de caravaniers qui s'enrichit dans le commerce de la myrrhe, de l'encens et des denrées précieuses venues de l'Arabie.

    Les Nabatéens habitaient le sud du Levant et le nord-ouest de l'Arabie à l'époque hellénistique et romaine. Peuple nomade, constitué de caravaniers, ils font partie des ceux que les Grecs et les Romains appelaient les « barbares » et que les historiens du monde « classique », à leur suite, considèrent avec un peu de condescendance comme les « peuples périphériques ».

    C'est symptomatique de l'ethnocentrisme occidental qui conduit à la condescendance des autres civilisations que sont les civilisations dites précolombiennes en Amérique centrale et du sud, et d'autres civilisations en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. On ne retient souvent que les Egyptiens.

    Des savants de plus en plus nombreux pensent que l'écriture nabatéenne a donné naissance, par évolution de la graphie, à l'écriture arabe. Et les fameux papyrus découverts à Pétra en 1993 dans la grande église du VIe siècle montrent que si les Nabatéens de l'époque byzantine utilisaient le grec pour rédiger leurs archives, ils parlaient l'arabe, puisque les noms de lieu contenus dans ces archives sont des noms arabes.

    Vers 312 av. J.-C., Diodore de Sicile explique qu'à cette date Antigone le Borgne, un des successeurs d'Alexandre, et ses lieutenants, tentent trois opérations militaires pour s'emparer, à Pétra, des richesses des Nabatéens. Il explique cette richesse : si les Nabatéens sont de purs nomades, ils excellent dans les techniques qui permettent de trouver, stocker et cacher l'eau dans le désert ; ils pratiquent le brigandage avec brio ; ils collectent l'asphalte à la surface de la mer Morte pour le revendre ; et surtout ils maîtrisent, grâce à leurs caravanes, le commerce des « aromates » de « l'Arabie Heureuse ». Leurs trésors, ils les stockent sur une « roche » – Pétra. Les trois expéditions d'Antigone sont des échecs retentissants : la « Roche » des Nabatéens, sans doute la butte d'Umm al-Biyârah à Pétra, apparaît imprenable. Cet échec va dissuader les rois hellénistiques de continuer à s'attaquer aux Nabatéens : ceux-ci, indépendants, peuvent peu à peu construire un État, qui va prospérer pendant les siècles suivants aux confins du royaume lagide d'Égypte, du royaume séleucide de Syrie et du désert.


  • Commentaires

    1
    Sélène...
    Mardi 11 Janvier 2005 à 23:02
    Petra...
    un reve réalisé il y a peu... le tombeau de la soie si je ne m'abuse... ?
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    2
    Indiana Fox
    Mardi 11 Janvier 2005 à 23:56
    Mais encore ?
    Est-ce que tu parles d'un tombeau spécifique à la nécropole de Petra?
    3
    Mercredi 12 Janvier 2005 à 22:55
    Oui..
    en effet, celui de votre photo... sourire
    4
    Jeudi 13 Janvier 2005 à 21:25
    Vous avez remplacé...
    la soie par le trésor..... je reconnais mieux Indiana.... sourire
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