• Racisme au Maroc: « Singes, olives et chocolats »

    Qird (singe), khanzir (cochon), zeïtoun (olive), choqlata (chocolat), sale nègre... Au Maroc, les termes insultants pour désigner les Subsahariens sont légion (voir encadré). Passe encore qu'un adulte vous gratifie de tels propos, mais lorsque, dans les bras de son père, un bambin vous traite effrontément de k'hal (« Noir »), c'est que, sans doute, il y a un problème. Bien sûr, l'enfant ne comprend pas ce qu'il dit et l'on n'y prêterait guère attention si les manifestations de ce racisme « innocent » étaient moins fréquentes dans le royaume. Que les Marocains soient très nationalistes n'a en soi rien d'anormal ou de choquant, mais quand ce nationalisme frôle le chauvinisme ou la xénophobie, il est temps de tirer la sonnette d'alarme.

    Je suis arrivé à Casablanca à la fin des années 1980. La première fois que j'ai pris conscience du racisme, c'était à l'université, quand mon professeur de relations internationales, dans le dessein manifeste de me ridiculiser, prétendit que le voisin méridional du Burundi n'était pas, comme je le prétendais, le Zaïre (aujourd'hui, la RD Congo), mais... le lac Tanganyika ! Prenant à témoin les cinq cents étudiants présents, l'éminent professeur déplora que « même les Africains ne connaissent pas l'Afrique ». Je me posais, moi, une autre question : sur quel continent se trouve donc le Maroc ?

    Cette anecdote me fit me souvenir d'une autre. Quelques semaines auparavant, je me trouvais à Rabat avec un groupe d'étudiants noirs africains. Nous étions chaque jour pris à partie par une nuée d'enfants nous demandant : ch'hal fi'ssaa - « quelle heure est-il ? ». Ils riaient à gorge déployée quand nous leur répondions. Parce qu'en regardant notre montre, nous regardions du même coup notre poignet couleur d'ébène... Ces mêmes garnements nous bombardaient de pierres sous le regard amusé des passants. Parfois, des adultes intervenaient pour les réprimander : « h'chouma » - « c'est honteux » [ce que vous faites]. Mais ils n'étaient pas nombreux.

    De même, quand, dans un bus, il nous arrivait de céder notre place à une personne âgée, nous nous étions peu à peu rendu compte que notre geste n'était pas interprété comme une marque de respect, mais comme la manifestation d'un complexe d'infériorité ! Pour eux, c'était normal : « C'est ce qui se fait entre un maître et ses esclaves. » D'ailleurs, en descendant du bus, ceux à qui nous venions de rendre service s'empressaient de céder leur siège à d'autres Marocains.

    À Rabat, Casa, Fès, Marrakech ou Tanger, les attitudes racistes sont aujourd'hui moins fréquentes, mais elles sont loin d'avoir disparu. Cela va du crachat au coup de bâton lancé à partir d'une voiture en marche, en passant par les onomatopées censées imiter le parler « africain ». Il arrive que des automobilistes fassent mine de foncer sur un malheureux passant à la peau noire en vociférant quelque insulte bien sentie. La nuit, la victime est parfois poursuivie jusque sur le trottoir... Certains Marocains refusent catégoriquement de répondre au salut d'un Noir, de le servir en premier ou de le charger dans leur taxi. C'est bien connu, n'est-ce pas, ils ont tous des maladies ! Un mendiant peut fort bien se croire autorisé à invectiver un Noir qui lui refuse une pièce de monnaie ou ne se montre pas assez généreux : Allah ya'tîk...

    Comment expliquer la persistance de ce phénomène ? D'abord, sans doute, par le souvenir d'un passé lointain mais toujours présent dans les esprits : il y a les maîtres et il y a les esclaves. Mais force est de reconnaître que les médias n'ont pas toujours joué un rôle très positif. TVM et 2M International, les deux chaînes de télévision marocaines, ont largement contribué à donner de l'Afrique subsaharienne une image catastrophiste. Il n'y est jamais question que de conflits armés (Éthiopie, Somalie, Liberia...), de famines, d'épidémies et d'endettement « chronique ». Et la presse écrite, notamment le très progouvernemental Matin du Sahara, n'ont jamais été en reste. Il n'est pas interdit d'y voir une sorte de vengeance politique : affaire du Sahara, retrait du Maroc de l'Organisation de l'unité africaine, en 1984... Mais il s'agit d'une vengeance aveugle, dont les peuples sont les uniques victimes. Le Sénégal est le seul pays à bénéficier d'une image plutôt positive : il passe pour « le plus riche » et « le plus civilisé d'Afrique », noire bien sûr. La Guinée, le Gabon, le Cameroun (à cause du football), le Kenya (à cause de l'athlétisme), le Congo-Brazza, la RDC, la Guinée équatoriale et Madagascar (où Mohammed V fut bien accueilli lors de son exil) s'en tirent sans trop de dommages, mais le reste... Le reste, c'est la jungle, ou peut s'en faut.

    Lors de notre arrivée au Maroc, nous nous sommes retrouvés totalement livrés à nous-mêmes. Comme dans la jungle, justement. Certains d'entre nous n'avaient même pas accès à la cité universitaire. L'interdiction des antennes paraboliques, auxquelles seule une poignée de privilégiés avait droit, s'ajoutant aux difficultés rencontrées par les Marocains pour se rendre à l'étranger, n'était pas de nature à contribuer à l'ouverture du pays sur le monde. Au début des années 1990, l'interdiction a été levée, mais une taxe d'un montant élevé (5 000 DH, 455 euros) sur l'achat des paraboles a été instaurée. Ce n'est qu'en 1993 que cette taxe a été supprimée. Et que les choses ont commencé à s'améliorer.

    Le changement s'est accentué après l'accession au trône de Mohammed VI. Le nouveau roi s'est rendu à plusieurs reprises au sud du Sahara, ainsi que ses Premiers ministres (Abderrahmane Youssoufi et Driss Jettou) et plusieurs membres de son gouvernement. Peu à peu, une certaine prise de conscience des réalités négro-africaines est apparue. Réalités que le « petit peuple » a du mal à accepter, après des décennies de désinformation sur le Bilad Essoud, le pays des Noirs. Les seuls Marocains avec lesquels il est possible de discuter de ces questions sont les techniciens et les ingénieurs qui ont été amenés à travailler au Sud du Sahara ou les commerçants fassis qui ont ouvert des boutiques ou des restaurants à Dakar, Abidjan, Bamako, Conakry ou Libreville. En revanche, la majorité des intellectuels, dont les regards sont obstinément tournés vers le Nord, manifeste une méconnaissance du reste de l'Afrique assez stupéfiante. L'un de mes amis marocains, pourtant d'un très bon niveau intellectuel, m'a un jour demandé si mon pays (le Mali) possède une frontière commune avec le sien !

    Les médias atteignent parfois des sommets dans la désinformation. Il y a quelques années, par exemple, Rissâlat al-Oumma, le journal de l'Union constitutionnelle, avait accusé, sans aucune vérification, « des Africains » d'avoir mangé un bébé à Takaddoum, un quartier populaire de la capitale. Très vite, une partie de la presse avait démenti l'information, mais le mal était fait. D'autant que des accusations de cannibalisme, totalement infondées, bien sûr, étaient périodiquement colportées par la rumeur publique. Même Le Journal, qui n'est pas le moins objectif des organes de presse marocains, se laisse parfois aller à véhiculer, peut-être sans mauvaise intention, certains stéréotypes. Un exemple ? Dans un reportage - très incomplet - qu'ils ont récemment consacré aux immigrés clandestins réfugiés dans la forêt de Ben Younech, deux journalistes s'effaraient : « Trois cents mètres plus loin, c'est le choc. Nous sommes en Afrique, dans un vrai village africain. » Comme si le Maroc n'était pas lui-même en Afrique ! Dans le même numéro, l'un des signataires de l'article utilisait, dans une chronique, le terme de jou' à propos de ces mêmes clandestins. De son propre aveu, le mot « signifie, au sens propre, faim », mais aussi, parfois, « avidité, rapacité ou bassesse ». « Mais pas ici, bien sûr », précisait-il. Comment s'étonner d'entendre si fréquemment dans la bouche du Marocain moyen, et même de certains intellectuels, l'expression inda houm ajjou' - « il y a la famine chez eux » ?

    Le 15 juin 2003, Aujourd'hui le Maroc donnait la parole a un chercheur estimant que « le Maroc a parfois une approche raciste du problème de l'immigration clandestine ». Ce qui n'empêchait pas le journal de titrer à la une : « Le Maroc débordé par les Subsahariens », et de dénoncer ces clandestins « prêts à tout, y compris à mourir, pour améliorer leurs conditions de vie ».

    Côté pouvoirs publics, rien n'a apparemment été fait pour ouvrir le pays aux cultures des peuples d'Afrique noire. Ni en matière d'éducation ni en matière d'intégration. En revanche, sur le plan culturel, des efforts considérables ont été entrepris pour accueillir des étudiants subsahariens. Le problème est que ceux-ci se sentent souvent mal à l'aise dans un système éducatif marqué par un nationalisme frôlant le chauvinisme. Le Maroc est systématiquement présenté, sans preuve, comme le premier en Afrique pour toutes les choses positives. Et le dernier pour toutes les choses négatives. Ce qui contribue à alimenter les préjugés. Je connais des jeunes nés de père « africain » et de mère marocaine, qui, la trentaine venue, se refusent obstinément à se rendre en « Afrique ». Possédant la nationalité de leur père, ils bénéficient pourtant de bourses d'études et de titres de voyage gratuits.

    On n'en finirait plus d'illustrer l'ampleur du malentendu. Très mal informé des réalités béninoises, un célèbre intellectuel marocain me confiait récemment, croyant stigmatiser la dictature : « Nous ne sommes pas au Bénin de Mathieu Kérékou ! » Comme si ce pays n'était pas, depuis plus d'une décennie, l'un des plus démocratiques du continent ! Autre exemple, il y a quelques années, à Rabat, devant la cité Souissi I où sont hébergés des étudiants étrangers pendant les vacances d'été. Un motocycliste arrête son véhicule et apostrophe, en arabe, une Cap-Verdienne accompagnée de son ami nigérian : pourquoi fait-elle la qahba (« pute ») avec les Noirs ? Son insistance devenant pénible, plusieurs étudiants ont dû lui faire comprendre que la jeune femme était blanche, sans doute, mais nullement marocaine. Et qu'elle ne parlait pas un mot d'arabe.

    La vérité est que de nombreux Marocains nourrissent un complexe de supériorité par rapport aux Noirs « d'Afrique » - et d'Amérique. Et un complexe d'infériorité par rapport aux Occidentaux blancs. La tentative, aujourd'hui abandonnée, du royaume d'adhérer à l'Union européenne s'inscrivait sans doute dans cette logique. Dans ces conditions, on comprend que le récent échec de sa candidature à l'organisation de la Coupe du monde de football 2010 - et la victoire de l'Afrique du Sud - aient été douloureusement ressentis ici. Depuis, comme par manière de vengeance, on voit refleurir certaines expressions très désobligeantes à l'endroit des Noirs africains : moûl'essîda (« sidéen »), par exemple. Beaucoup semblent oublier que les membres africains du comité exécutif de la Fifa ont tous, ou presque, voté pour le Maroc !

    À la veille du voyage que Mohammed VI doit faire au sud du Sahara, sans doute est-il temps de rappeler aux autorités, à la société civile et aux médias que le développement du royaume passe par le resserrement de ses liens millénaires avec les peuples d'Afrique noire.

    Par Zoubeïrou Maïga
    un Article de l'"Intelligent"

    28 commentaires





  • Alors
    que les Martiniquais s'interrogent sur cette « télé Martinique » qui ne
    propose que des séries abêtissantes venues d'ailleurs, la station de
    Clairière stagne toujours dans ses eaux nauséabondes.


    Un
    journaliste, parmi les meilleurs - ceci explique cela - dénonce le
    racisme dont il est victime au sein de la télévision publique.




    Serge
    Bilé, d'origine ivoirienne, travaille à RFO Martinique depuis près de
    10 ans. Une décennie qui n'a pas permis à ses collègues de l'accepter.
    Incroyable. Son origine lui est renvoyée au visage, comme un bobo.


    Ce
    journaliste qui a prouvé ses qualités professionnelles et qui hors de
    RFO, écrit des chansons, produit des musiciens, ne supporte plus les
    crachats.


    Le dernier lui a été envoyé par Michel Traoré le pas du tout brillant directeur des antennes.


    Serge
    Bilé a déposé plainte auprès du Procureur de la République, faute pour
    lui de trouver auprès de la direction de RFO Martinique, la
    condamnation de propos inadmissibles.


    La
    directrice régionale, Liliane Francil a cru que son petit fauteuil lui
    octroyait assez de pouvoir pour influencer le procureur de la
    République (voir lettre de Serge Bilé). C'est à croire qu'elle fait
    partie de ces rares journalistes qui lisent la presse.


    Elle
    a au moins lu l'épisode du procureur Laurent Davenas qui, parti en
    vacances dans l'Himalaya, fut recherché par un hélicoptère envoyé par
    Jacques Toubon alors ministre (RPR) de la justice. Une expédition pour
    que le procureur revienne retenir la main de son adjoint qui avait eu
    l'audace d'ouvrir, en son absence, une enquête préliminaire sur
    l'affaire du fameux rapport de Xavière Tibéri (épouse de l'ancien maire
    de Paris) sur la francophonie.


    A trop se diluer dans la droite on finit par lui ressembler !


    Le
    directeur adjoint, Max Maurice Madelon, ancien chef syndicaliste de la
    CSTM, mis au placard pendant des années, après avoir été déchouké par
    ses propres camarades, et revenu au pouvoir à force de courbettes et de
    petits complots, n'a trouvé là qu'une occasion de rire en mordant son
    cigare.


    Serge
    Bilé n'a pas gardé le silence qu'on attendait de lui. Il a tenu la
    presse informée de l'affaire. On peut déjà parier que ses détracteurs
    trouveront dans le marigot local beaucoup d'alliés.


    L'écologiste
    conseiller régional Louis Boutrin, voulait l'envoyer à Ouagadoudou, le
    cauchemar du journaliste n'est pas terminé.


    Dans
    un pays peuplé de descendants d'esclaves, le racisme est encore plus
    condamnable. Les victimes de la barbarie sont-elles condamnées à
    reproduire les gestes de leurs tortionnaires ?


    La lettre de Serge Bilé :


    CHRONIQUE D'UN RACISME ORDINAIRE A RFO-MARTINIQUE


    Le
    mardi 21 janvier 2003, je me retrouve à la cafétéria de RFO avec Michel
    Traoré, le directeur des antennes de la station de Martinique.


    Je
    lui fais remarquer que la rédaction, mais pas seulement elle, n'était
    pas d'accord avec la direction sur la façon dont nous avons rendu
    hommage à Edith Lefel la veille à 20H après le journal télévisé et
    qu'il y avait mieux à faire avec plus d'archives encore.


    Michel
    Traoré me toise alors et me répond sèchement : « dès lors que mon
    peuple est content, ça me suffit. Toi, tu peux dire ce que tu veux »
    avant d'ajouter plus loin : « moi, je suis martiniquais et je te parle
    comme je veux ».


    Non
    content de cela, il se rend dans plusieurs bureaux pour se vanter de ce
    qu'il vient de faire. La scripte Huguette Odina l'a ainsi vu raconter
    fièrement au directeur-adjoint de RFO, Max-Maurice Madelon qui en a ri,
    qu'il avait « ramassé un étranger ».


    J'alerte
    aussitôt la directrice régionale Liliane Francil qui, au lieu de
    prendre ses responsabilités, cherche à minimiser l'incident en
    expliquant qu'il ne faut pas s'en faire pour si peu, qu'elle a connu le
    même racisme quand elle travaillait à RFO-Guadeloupe où on la
    considérait comme une « étrangère » martiniquaise.


    Elle
    finit tout de même, en apprenant que je menace de voir le procureur de
    la république, par réagir le lendemain à la demande de la direction
    nationale, également alertée et indignée qu'un cadre de RFO puisse
    tenir de tels propos d'exclusion.


    Mais
    voilà, pour rédiger son rapport, elle me fait appeler à son bureau deux
    heures avant le journal télévisé alors que j'insiste pour lui dire que
    « je n'ai à cet instant ni le temps ni la tête à ça ».


    Et
    à ma grande surprise elle me reçoit avec son adjoint Max-Maurice
    Madelon comme pour me montrer qu'elle n'a rien à faire qu'on reproche à
    celui-ci d'avoir acquiescé des propos racistes en en riant avec son
    auteur.


    Plus
    grave, j'apprends qu'elle a également convoqué la scripte Huguette
    Odina pour faire pression sur elle afin qu'elle se désolidarise de moi.


    Mais
    je ne suis pas au bout de mes surprises : quand j'arrive chez le
    procureur Serge Samuel, il m'apprend qu'il a reçu quelques minutes plus
    tôt un coup de fil de Liliane Francil qui a voulu lui faire comprendre
    que « ce qui m'arrive n'est pas bien grave » et que je réagis en gros
    ainsi parce que je suis « aigri » faute d'avoir obtenu « une
    promotion ». Hallucinant !


    Ai-je l'air d'un garçon « aigri » quand on me voir faire tout ce que je fais ici en et pour la Martinique ?


    Le
    procureur lui en tout cas est « abasourdi » et « consterné »
    d'apprendre, en les lisant, qu'au delà de cet incident, je reçois
    depuis des mois des lettres anonymes d'insultes et de racisme de la
    part de mes propres collègues.


    Il
    faut dire que cette affaire intervient une semaine après un autre
    incident que j'ai eu à dénoncer publiquement au sein de RFO. La
    directrice régionale a transmis au rédacteur en chef qui me l'a remise
    une lettre dans laquelle une téléspectatrice (Liliane Mangatal habitant
    au C402 Morne Vannier Village à Fort-de-France/ 0596736253) s'indigne
    qu'on ait « importé » un « Africain » pour présenter le journal
    télévisé en Martinique.


    Difficile
    de faire pire pour déstabiliser un journaliste qui s'apprête alors à
    interviewer la ministre Brigitte Girardin sur fond de tension dans la
    rédaction.


    Ayant
    en effet été désigné pour présenter le journal ce soir-là, j'avais
    demandé à faire cette interview seul alors qu'un de mes collègues avec
    lequel je ne m'entends pas spécialement voulait venir en plateau
    réaliser l'entretien. Il y a eu passe d'armes et des allers-retours
    crispés avec l'encadrement.


    Or
    il se trouve que depuis plusieurs mois, chaque fois qu'il y a une
    tension dans la rédaction, je reçois automatiquement des lettres
    anonymes écrites-je le répète encore- par des gens de RFO.


    En
    1996 déjà, deux ans après mon arrivée, j'avais eu à publier un
    communiqué de presse repris par les médias, pour dénoncer une attaque
    raciste dont j'avais été victime de la part d'un de mes confrères.


    Depuis,
    les plus acharnés s'étaient calmés, du moins en apparence, mais les
    vexations n'ont jamais cessé : tentative de déstabilisation sur le
    journal télévisé avec une intervention de salariés demandant qu'on
    m'enlève de l'antenne au profit d'un Martiniquais (Maître Claude
    Dispagne qui m'accompagnait ce jour là dans le bureau du directeur de
    l'époque, Claude Ruben, peut en témoigner).


    Problème
    de titularisation avec un syndicaliste-maison qui s'oppose publiquement
    à ses collègues de la CSTM pour ne pas qu'on intègre un « Africain » en
    Martinique, crachats plusieurs fois sur le pare-brise de ma voiture
    garée dans la cour de la station, graffitis racistes sur mon bureau
    après une élection de délégué du personnel où j'étais candidat.


    Exclusion
    sans explication de la cellule politique à l'avènement d'un encadrement
    antillais, maintien depuis 10 ans dans un statut de « journaliste de
    base » comme un simple débutant par une direction qui vient
    paradoxalement de proposer ma candidature pour un poste, mais ailleurs,
    sur la radio... Africa n°1.


    Dégoûté,
    mais ne voulant pas faire de « scandale » et jeter l'opprobre sur la
    station, j'ai alerté Luc Laventure et demandé au directeur de
    l'information Stéphane Bijoux de me trouver une autre affectation loin
    de laMartinique.


    Mais
    aujourd'hui, après avoir trop longtemps gardé tout ça pour moi au
    risque de verser parfois dans des réactions d'agressivité contraire à
    ma nature, j'ai décidé quoi qu'il m'en coûte de faire front face à
    cette escalade qui gagne désormais les cadres de RFO et qui arrive en
    écho à des propos racistes, anciens et récents, lancés à mon encontre
    également par quelques hommes politiques comme le conseiller régional
    Louis Boutrin qui s'est lui aussi devant témoin (le photographe Bernard
    Dordonne de France-Antilles) laissé aller à dire que ma place « n'était
    pas ici mais à Ouagadougou »


    Oui !
    J'ai décidé de faire front parce que maintenant ça suffit ! Tout ce que
    je veux, c'est qu'on me foute la paix une fois pour toutes !


    Serge Bilé



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  • A l'attention de M. Finkielkraut,


    J'ai écouté récemment vos propos
    infamants au sujet des antillais sur radio RCJ, où vous souteniez sans
    rire que les antillais étaient des assistés. Et que s'agissant du
    spectacle de Dieudonné à l'atrium de Fort de France,
    vous décriviez des foules d'antillais surexcités sous influence du
    maléfique gourou-sorcier Mbala.


    Je vous inciterai M. Finkielkraut à
    manifester plus de respect pour cette Communauté sans laquelle la
    France ne serait pas. En effet vos préjugés ou votre mauvaise foi vous
    ont fait faire l'économie de l'histoire de cette
    communauté qui durant quatre siècles a fourni par le sang, les chaînes
    et la mort, les ressources qui firent de la France une grande nation
    industrielle.


    Je vous inciterai également à vous
    rappeler que lorsque la République agonisait sous les bottes de
    Napoléon, c'est sabre au clair que les officiers noirs de Guadeloupe
    défendaient les principes mêmes de la république contre le despotisme
    Bonapartiste.


    Je vous inciterai donc à avoir du
    respect pour ces jeunes hommes des Antilles-guyane qui donnèrent leur
    sang par milliers dans les tranchées froides et boueuses de la première
    guerre mondiale si ce n'est pour un idéal, celui de la république !!!


    La deuxième guerre mondiale fut
    également l'illustration de la bravoure de ces hommes des Antilles que
    vous osez par bêtise et/ou par ignorance qualifier d'assistés...En
    effet lorsque qu'un bonne partie de la France pactisa avec l'Allemagne
    après la défaite française de 39, allant dans leurs excès de zèle pro
    germanique, jusqu'à dénoncer leurs voisins juifs ou résistants....Ces
    mêmes antillais que vous qualifiez aujourd'hui d'assistés, prenaient
    des risques insensées pour quitter leurs îles des caraïbes afin de
    rejoindre l'Angleterre via St Lucie ou la Dominique ceci afin de
    s'engager au sein des forces françaises libres stationnées en Grande
    Bretagne... afin de combattre la barbarie Nazie...


    Rappelez vous également
    M. Finkielkraut, l'imprécateur anti-antillais, que c'est également un
    Guyanais, Felix Eboué qui répondit le 1er à l'appel du 18 juin de De
    Gaulle, alors que l'essentiel de la France était bien loin de l'esprit
    de résistance...


    Je pense que pour toutes ces raisons,
    M. Finkielkraut, vous devriez manifestement avoir un peu plus de
    décence avant de vous en prendre de manière gratuite aux Antillais,
    taxés d'assistés pour cause de salle comble
    aux spectacles de Dieudonné....


    Comme je vous l'ai déjà dit les
    Antillais se sont battus tout au long de leur histoire pour que la
    République soit un espace de respect et de tolérance, où l'esclavage
    n'aurait plus droit, ou le racisme n'aurait plus droit, ou les
    persécutions contre les minorités (dont la vôtre) n'aurait plus
    droit...Donc M. Finkielkraut si vous êtes à
    court d'arguments contre M. Mbala, de grâce, fermez-la, plutôt que de
    nous assommer de votre suffisance boursouflée...


    Républicainement.


    E. Cabira



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  • L'enjeu
    essentiel dans l'affaire Dieudonné est de ne pas être manichéen : tout
    n'est pas tout blanc ou tout noir. N'est pas antisémite celui qui ne
    défend pas la cause juive.


    Le philosophe a violemment réagi au fait que la
    population martiniquaise avait soutenu Dieudonné après l'agression par
    trois hommes juifs dont il avait été victime.


    Est-ce pour autant un crime de soutenir un artiste
    frappé pour ses idées ? Je ne pense pas. Je reste persuadé que sans ce
    passage à tabac, il n'y aurait jamais eu un tel tolé médiatique et une
    telle mobilisation autour du comique. A qui la faute ? Aux trois
    personnes inculpées pour coups et blessures.


    Mais le cœur du débat et ce qui nous interpelle est qu'Alain Finkielkraut ait déclaré que "le peuple antillais, victime de l'esclavage, vivait de l'assistance de la Métropole".


    Eh bien oui, les Antilles vivent à coup de subventions
    européennes et nationales. C'est tout à fait vrai et il n'y a aucune
    révélation lumineuse dans les déclarations du philosophe, qui s'est
    déjà montré bien plus inspiré que cela dans le passé. Là, il a fait une
    "Dieudonné" en mélangeant tout et n'importe quoi.


    Mais cette relation d'assistanat qu'entretient la mère
    Métropole avec ses enfants adoptifs des Antilles suppose une volonté
    ferme des pouvoirs publics de maintenir le peuple antillais sous
    perfusion.


    Je m'explique : n'est-ce pas intéressant pour la
    production nationale d'avoir à disposition une population qui importe
    plus qu'elle n'exporte ?


    Les Antilles, premiers départements importateurs de
    champagne : à qui cela profite-t-il ? A qui profite l'immensité de
    notre parc automobile ?


    Assistés oui, mais nous n'avons certainement pas
    enfoncé la perfusion nous-même dans nos chairs. Avec les Antilles, les
    pouvoirs publics se donnent bonne conscience en adoptant une attitude
    qu'ils ne peuvent pas appliquer aux territoires africains qui ont, eux,
    été réellement spoliés de leurs richesses naturelles et humaines. La
    France est, et demeurera, un pays d'histoire colonialiste. Sinon
    croyez-vous que nous ne serions pas déjà abandonnés à notre sort comme
    le peuple haïtien, si nous ne présentions pas un intérêt politique et
    économique.


    Les Antilles françaises sont une fenêtre ouverte sur le continent américain dont la France ne souhaite aucunement se priver.


    Cette politique d'assistanat dans laquelle s'enfoncent
    inexorablement les Antilles bloque tout développement économique, et
    freine par-là même toute velléité politique d'indépendance ou même
    d'autonomie.


    Peut-être que la consultation du 7 décembre 2003 devait
    aider à vaincre ce blocage de développement mais la manière dont le
    projet de réforme fut présenté à la population guadeloupéenne et
    martiniquaise ne laissait présager qu'une réforme imposée par le
    Gouvernement sans avis des autorités locales. Une réponse négative
    empêche de donner suite à la réforme mais une réponse positive déliait
    les mains du Gouvernement et du Parlement afin de décider seuls de la
    suite du processus d'évolution. 


    Pour en revenir aux inepties du philosophe qui, en
    somme, reprochent aux Antillais d'être allés voir le spectacle de
    Dieudonné avec des deniers de la République, je souhaiterai lui
    demander si nous ne payons pas les mêmes impôts que le reste de la
    population française ?


    Vous vous êtes trompés de cible, M. Finkielkraut, nous,
    Antillais nous savons assistés, et l'éveil culturel que nous sommes en
    train de vivre marque irrémédiablement la fin d'une époque, et par
    conséquent le début d'une ère nouvelle que nous souhaitons prospère
    politiquement et économiquement.



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  • La traite des Noirs existe depuis la
    haute Antiquité, fournissant
    l'Égypte
    pharaonique en main-d'œuvre
    servile.

    En Crète, en Grèce, à
    Rome, à Carthage, les esclaves
    africains sont très appréciés.
    Dès le VIème siècle,
    les colonies arabes de la côte
    orientale exportent les habitants de
    la côte de l'est, vers Bagdad,
    la Perse et la région comprise
    entre Tigre et Euphrate où ils
    cultivent la canne à sucre.

    A partir du Xème siècle
    on signale des Noirs vendus en Chine
    mais surtout aux Indes. La diffusion
    de l'Islam entraîne la création
    de nouveaux courants de traite : le
    trafic transsaharien s'intensifie, contrôlé
    par des habitants de ce que nous nommons
    aujourd'hui le Maghreb mais auquel participent
    des commerçants soudanais, lesquels
    d'ailleurs paient la dîme aux
    souverains nègres dans les États
    desquels passent leurs caravanes.

    Les émirs du golfe Persique font
    d'Africains esclaves l'élite
    de leurs armées. Les grands chefs
    arabes confient à des eunuques
    - car les Noirs sont souvent châtrés
    avant d'être embarqués
    – la garde de leurs harems.

    Le trafic est alimenté par les
    razzias qu'opèrent les États
    les uns sur les autres, par la vente
    de prisonniers, ou ceux qui sont gagés
    pour dettes.

    Les coupables de certains crimes peuvent
    être réduits en esclavage,
    mais, dans ce cas, on préfère
    les éloigner de leur région
    d'origine. On voit même des individus
    se vendre à un maître pour
    éteindre une dette qu'ils ne
    peuvent rembourser.

    Le continent noir, dans sa quasi-totalité,
    est dans un système social esclavagiste.
    La sanction d'une guerre perdue est
    la fourniture d'une certaine quantité
    d'esclaves. On voit ainsi le royaume
    de Nubie dispensé de la guerre
    sainte par la fourniture annuelle de
    360 esclaves, à l'Égypte
    musulmane.

    Deux catégories peuvent se rencontrer
    : les esclaves de case et ceux des champs,
    le travail de ces derniers étant
    beaucoup plus rude et leur sort beaucoup
    moins enviable que ceux des premiers.

    L'esclavage n'était pas inconnu
    de l'Europe du Xème siècle
    : les corsaires barbaresques, faisant
    des prisonniers, n'hésitaient
    pas à les vendre s'ils ne pouvaient
    en obtenir de fortes rançons...
    certains des captifs abjurant leur foi
    s'engageaient aux côtés
    de leurs ravisseurs, on les qualifiait
    de "renégats".

    Les Européens touchant des côtes
    africaines ne sont donc pas étonnés
    de découvrir qu'une partie de
    leur population est asservie.


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    Le commerce triangulaire
    :


    Avant la découverte des Amériques,
    les Portugais furent les premiers européens
    à importer des esclaves pour
    la main d'œuvre agricole qui
    leur manquaient. La technique utilisée
    par les Portugais pour acquérir
    des esclaves consistait à attaquer
    par surprise des villages dont les habitants
    étaient conduits au Portugal.
    Les Portugais qui inauguraient cette
    pratique en 1444, importaient entre
    700 et 800 esclaves par an. Ces esclaves
    provenaient des comptoirs commerciaux
    et des forts établis sur la côte
    africaine.

    L'exploration côtière
    de l'Afrique et l'invasion
    des Amériques par les Européens
    au XVème siècle conduisirent
    au développement du phénomène
    de traite des esclaves.

    Les plantations des Indes occidentales
    (actuelles Antilles) demandant beaucoup
    de main-d'œuvre, l'Espagne
    de Charles Quint initie les opérations
    de déportation ; n'effectuant
    pas les opérations de transport,
    elle affecte le monopole de la traite
    à des compagnies qui s'engagent
    à fournir à tel ou tel
    territoire un nombre donné d'esclaves
    en bonne santé et en état
    de travailler.

    De 1550 à 1560, 4 500 africains
    sont transportés annuellement
    outre-Atlantique par les Espagnols mais
    ces chiffres augmentent rapidement pour
    atteindre 40 700 à la fin du
    siècle.

    Le Portugal commence ce même trafic,
    un peu plus tard, vers 1540, emmenant
    400 Noirs au Brésil (à
    la fin du XVème siècle
    le chiffre passera à 1 500).

    Bientôt toutes les nations européennes
    se livrent à la traite, Hollande
    en tête, puis Angleterre, France
    et Danemark.

    Dans l'Amérique latine tropicale
    du XVIème siècle, les
    colons espagnols obligèrent d'abord
    les populations indigènes à
    travailler la terre. Ces populations
    indigènes ne survécurent
    pas aux conditions d'esclavage, les
    maladies européennes et le travail
    harassant les décimèrent.
    On commença alors à importer
    des Africains dans les colonies espagnoles,
    parce qu'ils étaient réputés
    mieux supporter le travail forcé
    dans le climat éprouvant des
    Caraïbes et de l'Amérique
    latine.

    Les points de prélèvement
    les plus fréquents sont le Sénégal
    et la Gambie (l'île
    de Gorée
    garde encore les
    traces de cette barbarie ) ; la Côte
    de l'Or et sa voisine la Côte
    des Esclaves (Ghana
    actuel plus Togo
    et Dahomey), l'estuaire du Niger, le
    Congo
    et l'Angola
    puis le Mozambique.


    La traversée durait plusieurs
    mois. Les esclaves étaient enchaînés
    au-dessous du pont toute la journée
    et toute la nuit à part de brèves
    périodes d'exercices. Ils
    étaient entassés dans
    la saleté, la puanteur et la
    mort.

    En Amérique du Nord, les premiers
    esclaves africains furent débarqués
    à Jamestown (Virginie) en 1619.
    Emmenés par d'anciens corsaires
    britanniques, ils étaient soumis
    à l'esclavage limité,
    statut légal des Indiens d'Amérique,
    c'étaient les domestiques
    des blancs, dans pratiquement toutes
    les colonies anglaises du Nouveau Monde.

    Le nombre d'esclaves importés
    n'étant pas très important
    au début, il n'apparut pas nécessaire
    de définir leur statut légal.
    Avec le développement du système
    de plantations dans les colonies du
    sud au cours de la seconde moitié
    du XVIIème siècle, le
    nombre d'Africains importés pour
    servir d'ouvriers agricoles augmenta
    considérablement et plusieurs
    villes côtières du Nord
    devinrent de grands ports négriers.

    Dans l'ensemble, dans les colonies du
    Nord, les esclaves étaient utilisés
    à des tâches domestiques
    et dans le commerce, dans les colonies
    du centre ils étaient davantage
    utilisés dans l'agriculture,
    et dans les colonies du sud où
    dominait l'agriculture de plantations,
    presque tous les esclaves travaillaient
    dans celles-ci.

    Lorsque le rôle des esclaves africains
    s'accrut dans les colonies anglaises
    d'Amérique, en particulier dans
    le sud où il était fondamental
    pour l'économie et la société,
    les lois les concernant furent modifiées.
    Dès l'époque de la guerre
    de l'Indépendance américaine
    (1776-1783), ils n'étaient plus
    des serviteurs sous contrat mais des
    esclaves au sens propre du terme, des
    lois explicites à ce sujet définissant
    leur statut légal, politique
    et social vis-à-vis de leurs
    propriétaires. Officiellement,
    les esclaves d'Amérique jouissaient
    de certains droits légaux, tels
    que le droit à une aide financière
    en cas de maladie ou de vieillesse,
    le droit à une instruction religieuse,
    le droit d'être représenté
    légalement et de participer à
    certains procès à titre
    de témoin. La coutume leur accordait
    également certains droits, comme
    le droit à la propriété
    privée, au mariage, au temps
    libre, droits que le propriétaire
    n'était cependant pas tenu de
    respecter. En réalité,
    les droits humains fondamentaux étaient
    le plus souvent bafoués. Les
    femmes esclaves étaient exposées
    en permanence au viol par leurs propriétaires
    et les familles étaient souvent
    disséminées, leurs membres
    étant vendus dans des plantations
    séparées. Les mauvais
    traitements comme la mutilation, les
    brûlures, l'enchaînement
    ou le meurtre, en théorie interdits
    par la loi, n'étaient pas choses
    rares jusqu'au XIXème siècle.
    Du XVIIème au XIXème siècle,
    on estime de 15 à 30 millions
    le nombre d'Africains déportés
    dans le Nouveau Monde par les Européens,
    avec l'appui des chefs locaux des royaumes
    africains. La condition des Noirs aux
    États-Unis fut marquée
    à jamais par cet épisode.
    La mortalité sur les bateaux
    atteignant sans doute 15 pour cent de
    la cargaison. Les esclaves des Antilles
    et de l'Amérique latine
    ont eu moins besoins de s'adapter
    que ceux du continent Nord américain.

    Aux Antilles et en Amérique latine
    le nombre des esclaves dépassait
    largement celui des blancs. Il y eut
    des révoltes d'esclaves.
    La révolte la plus grande eu
    lieu à Saint Domingue (Haïti)
    en 1791. Presque 500 000 esclaves se
    sont rebellés contre leurs propriétaires
    français et ont repris le pays
    fondant ainsi le premier état
    noir indépendant.


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    Abolition de la traite
    :


    Le Danemark fut le premier pays européen
    à abolir la traite des Noirs
    en 1803, suivi par la France (décret
    de la Convention en 1794, mais jamais
    appliqué), par la Grande-Bretagne
    en 1807 et par les États-Unis
    en 1808.

    Au congrès de Vienne en 1814,
    la Grande-Bretagne usa de son influence
    pour inciter d'autres puissances étrangères
    à imiter cette politique et presque
    tous les pays européens votèrent
    des lois ou signèrent des traités
    abolissant la traite des Noirs, qui
    devint en partie clandestine.

    Dans les colonies britanniques, l'esclavage
    fut aboli en 1833. Le traité
    d'Ashburton de 1842, passé entre
    la Grande-Bretagne et les États-Unis,
    prévoyait le déploiement
    par chacun des deux pays d'escadrilles
    sur la côte africaine pour faire
    respecter l'interdiction de la traite.

    En 1845, une coopération entre
    les forces navales de France et d'Angleterre
    fut remplacée par un droit de
    visite réciproque. Les esclaves
    français se virent octroyer la
    liberté en 1848, et les esclaves
    hollandais en 1863. Au moment de leur
    création, la plupart des nouvelles
    républiques d'Amérique
    du sud ordonnèrent l'affranchissement
    des esclaves.

    Au Brésil, cependant, l'esclavage
    ne fut aboli qu'en 1888. Il faudra encore
    de longues années pour que cesse
    la traite à travers le Sahara
    et à partir de la côte
    orientale. On compte par exemple que
    600 000 esclaves sont vendus dans la
    seule ville de Zanzibar entre 1830 et
    1873.

    On ignorera toujours le nombre de ceux
    qui ont été transportés
    par voie terrestre, à destination
    du Maghreb et de l'Égypte
    à partir de Tombouctou,
    Gao,
    Kano. Les négriers européens
    ne s'aventurent pas dans l'intérieur
    du continent. Les Arabes guère
    davantage. Quand il est question d'eux
    en ce qui concerne le trafic en Afrique
    orientale, il s'agit en fait d'arabisés
    métis ou même noirs mais
    vêtus à l'Arabe.


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    L'esclavage de nos jours
    :


    L'adoption de la Convention internationale
    sur l'esclavage en 1926 par la Société
    des Nations marque une date importante.
    Cette convention garantissait la suppression
    et l'interdiction de la traite des esclaves
    et la complète abolition de l'esclavage
    sous toutes ses formes.

    Les convictions contenues dans cette
    convention furent réaffirmées
    par la Déclaration universelle
    des droits de l'Homme, adoptée
    par les Nations unies en 1948.

    En 1951, une commission des Nations
    unies sur l'esclavage fit état
    d'un rapide déclin de la pratique
    de l'esclavage, seuls quelques vestiges
    d'esclavage existant encore dans un
    petit nombre de pays du monde. De nos
    jours, des états pratiquent encore
    l'esclavage dans les faits (Mauritanie,
    Soudan..).

    Dans la guerre civile que se livrent
    au Soudan
    le Nord musulman et le sud chrétien,
    sont réapparus des bandits esclavagistes,
    qui enlèvent des enfants et des
    femmes du sud qui sont revendus dans
    le nord.


    Conséquences :


    La traite a fait subir à la
    société africaine de profonds
    bouleversements. La recherche de quelques
    esclaves entraînèrent des
    guerres tribales et parfois de véritables
    chasses à l'homme.

    Cependant, il ne faut pas ignorer que
    l'esclavage existait avant le commerce
    triangulaire ni que des noirs vendaient
    d'autres noirs ( l'Europe
    armait les bras et soutenait les rois
    locaux vassaux des esclavagistes).



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